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Histoire et Esotérisme
18 juillet 2007

Un bon protecteur

Un jour d'hiver François Ier étant à la chasse aux environs de Blois, rencontra une femme assez bien mise, suivie d'un domestique âgé. Étonné de cette rencontre en un lieu aussi désert et par un tel froid, le roi s'approche de cette dame et lui demande où elle va et si elle n'est pas égarée,
"Monsieur, lui répond-elle -car jamais elle n'avait vu le roi,- je me rends de ce pas à Blois, afin d'y chercher un protecteur qui puisse me procurer l'entrée du château et l'occasion de me jeter aux pieds de Sa Majesté, pour implorer son appui.
- A quel sujet, madame ?
- J'ai à me plaindre d'une injustice qui m'a été faite par le Parlement de Rouen. On m'a assuré que le roi est plein de bonté, qu'il aime ses sujets autant qu'il révère et pratique la justice ; peut-être aura-t-il quelque égard pour ma triste situation ainsi que pour l'équité de ma cause.
- Veuillez m'exposer franchement cette cause, madame, reprend François 1er. J'ai quelque crédit à la cour, et j'ose même me flatter de pouvoir vous y rendre service auprès du roi, pourvu toutefois que vos griefs soient légitimes.
- Voici, monsieur, ce dont il s'agit. Je suis veuve d'un officier qui a toujours bien servi le roi. Pour continuer d'être en état de remplir ses fonctions, il a emprunté quelque argent à un homme de robe, et, comme garantie de ce prêt et des intérêts qu'il comporte, il a engagé sa terre à son créancier. Mon mari ayant été tué à la bataille de Cérisoles, je me suis vue dans l'impossibilité de rembourser la somme empruntée par lui. Alors l'impitoyable créancier c'est emparé de la terre, ma seule fortune et le seul héritage de mes enfants. En vain l'ai-je traduit en justice ; bien qu'il fût évident que les revenus qu'il a tirés de notre domaine pendant plusieurs années ont  égalé sinon même surpassé le montant dans la somme prêtée et des intérêts, le crédit dont cet homme jouit auprès des juges de Rouen, qui sont tous ses amies, a prévalu sur le bon droit. Sans égard pour ma réclamation, on vient de lui adjuger la terre, l'ancien domaine des ancêtres de mon mari, et de me condamner aux frais du procès, qui sont considérables. Mon avocat m'assure qu'il n'y a aucun remède à ce jugement, à moins que le roi ne daigne intervenir lui-même. Dès lors, vous voyez, monsieur, combien j'ai intérêt à trouve un protecteur qui me recommande à notre souverain. Si le malheur veut que je ne puisse avoir accès auprès de Sa Majesté, qu'il me soit impossible de lui exposer ma requête et de faire appel à sa justice, nous voilà, mes enfants et moi, réduits à une misère complète."
Profondément touché par ce récit, François 1er répondit :
"Madame, continuez votre route ; venez demain matin au château, et demandez M. de Gentilly. Soyez sûre qu'il vous fera parler au roi."
La veuve remercia de tout coeur son interlocuteur et reprit son chemin en compagnie de son domestique.
François 1er n'oublia pas ce qu'il avait promis, et, en rentrant au château, il donna ordre qu'on l'avertît le lendemain, dès qu'une dame demanderait M. de Gentilly.
Le lendemain, la veuve ne manqua pas, en effet, de se présenter au château, et elle fut à l'instant même introduite dans le cabinet du roi.
Qu'on juge de sa surprise en reconnaissant son interlocuteur de la veille !
"Oui, c'est moi, madame, dit François 1er ; c'est votre roi lui-même qui vous a promis hier de vous faire parler à sa Majesté, lui qui sera votre protecteur."
Un événement si peu attendu avait rempli de trouble et de saisissement la pauvre veuve : elle ne savait que dire et quelle contenance garder.
"Rassurez-vous, lui dit le roi avec bonté. Mon devoir est d'accueillir les plaintes de tous mes sujets, et de rendre justice particulièrement à ceux qui m'ont prêté l'appui de leur bras, à mes compagnons d'armes, ou, à leur défaut, à leurs épouses et à leurs enfants. Je vais faire appeler mon chancelier ; j'examinerai avec lui les détails de votre cause, et si, comme j'ai tout lieu de le croire, elle est juste, si vous avez le bon droit pour vous, soyez persuadée que votre roi sera aussi pour vous et qu'il saura vous défendre."
Le résultat de cet examen fut un ordre, expédié aussitôt à l'homme de robe de Rouen, de remettre la veuve en possession du domaine dont il l'avait frustrée.
"S'il vous reste dû quelque chose, déduction faite des revenus dont vous avez joui, ajoutait le chancelier dans cette missive, vous êtes invité à transmette votre reliquat de compte à Sa Majesté, qui se chargera de vous satisfaire."

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