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Histoire et Esotérisme
25 septembre 2007

Un épisode de la fronde : Melle de Montpensier

Louis XIV avait un oncle et une cousine. L'oncle, c'était Gaston d'Orléans, la cousine était Melle de Montpensier. Le roi était encore un enfant ; sa mère Anne d'Autriche était veuve ; et si le roi venait à disparaître, la couronne de France allait comme d'elle-même se poser sur la tête de Gaston, c'est-à-dire sur la tête la plus indigne de porter une couronne. Gaston était en effet un débauché, dépensier, et d'une sottise qui eût rendu son règne aussi ridicule que dangereux pour le pays. Sa fille, Melle de Montpensier, n'eût pas peu contribué à faire de ce règne une série de sottises ; elle était romanesque, et il n'était genre d'aventures où elle ne se lançât comme un hanneton, sans jamais se  demander ce qu'il y avait au bout, et comment elle reviendrait sur ses pas.
La minorité du roi avait mis le pouvoir légal entre les mains d'Anne d'Autriche, et le pouvoir réel était exercé par Mazarin, le plus Italien des Italiens, qui s'était fait universellement détester par ses intrigues, par sa facilité à faire des promesses et par son habileté à ne jamais les tenir. Cependant c'était un digne élève, un digne successeur du grand cardinal de Richelieu : bien qu'Italien d'origine et de langage, il avait le coeur d'un Français ; même lorsqu'il était obligé de quitter furtivement la cour, il continuait à imposer à l'étranger, par des victoires diplomatiques et militaires, le respect de la France. C'était à lui surtout qu'en voulaient Gaston et sa fille. Mazarin tenait auprès du petit roi une place que ces deux personnages considéraient comme la leur, et n'ayant pu l'obtenir par droit de naissance, ils croyaient l'enlever par droit de conquête.
Le roi avait des partisans, lui aussi, mais les uns lui étaient attachés par intérêt, les autres par une sorte d'instinct chevaleresque qui n'avait rien de commun avec le patriotisme. A cette époque, l'idée de patrie, qui nous semble si naturelle, n'existait point encore, ou du moins était le privilège de quelques hommes de grand coeur, isolés et mal compris, qui eussent passé pour de singuliers originaux s'ils n'avaient osé mettre tout haut la France au-dessus des partis, au-dessus de la royauté elle-même ; on les eût peut-être même regardés et punis comme des traîtres, tant les idées vraies ou justes ont de peine à naître et à vivre. Le grand Condé, le grand Turenne commandèrent tour à tour les armées de révoltés. Le premier offrit même son épée à l'étranger.
23ao_t07_102L'on peut bien pense que Melle de Montpensier ne manqua pas de se jeter dans cette aventure grotesque et criminelle et d'y jouer un rôle qu'elle croyait important et qui n'était que bruyant. Il fut en effet des plus bruyants, car Melle de Montpensier alla jusqu'à faire tirer sur les troupes royales le canon de la Bastille, qu'elle fit pointer dans la direction du Faubourg Saint-Antoine.
Ce coup de canon fit le malheur de toute sa vie. Le roi finit par rétablir son autorité qu'il rendit d'autant plus despotique qu'elle avait était plus méprisée. Il se rappela toujours que Melle de Montpensier avait tiré sur ses troupes ; il s'en vengea d'une façon aussi singulière que spirituelle : il l'empêcha de se marier. Il avait d'ailleurs, pour tenir à cette résolution, des motifs tout politiques. Melle de Montpensier possédait 20 millions de fortune, quatre comtés, un grand nombre de châteaux ; tout cela aurait fait de son mari un personnage.
Melle de Montpensier avait quarante ans quand elle parvint à déjouer la surveillance de son cousin Louis XIV et à se marier à Lauzun, qui était brutal, ivrogne, écervelé, et qui avait fait au roi une offense irréparable. On peut juger de la fureur du monarque. Il obligea sa cousine à abandonner ses comtés. D'ailleurs, le mariage avec Lauzun fut pour elle une punition terrible : il la battait, la grugeait, se présentait à elle en état d'ivresse ; cela dura dix ans, au bout desquels Melle de Montpensier le mit à la porte.
Elle était vieille et désabusée, elle se convertit et expia dans une vie austère et digne, ses erreurs et ses longues folies, laissant au monde le souvenir d'une existence orageuse, où tout avait manqué, l'éducation, la direction et le but.

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