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Histoire et Esotérisme
21 février 2008

Meurtre de Jean Sans Peur

Lorsque le duc de Bourgogne fit assassiner le duc d'Orléans pour se débarrasser d'un adversaire gênant, il ne se doutait pas qu'un jour on lui appliquerait cette maxime - peu chrétienne- mais qu'on mettait volontiers en pratique dans ces temps barbares : comme il t'a fait, fais-lui.
Livré à des conseils pernicieux, le Dauphin Charles, qui fut depuis Charles VII, se laissa entraîner à un crime qui pèsera toujours sur sa mémoire. Sous prétexte de se réconcilier avec le duc de Bourgogne et de s'unir à lui pour combattre l'ennemi commun, le Dauphin lui demanda une entrevue qui devait avoir lieu sur le pont même de Montereau-faut-Yonne, petite ville aujourd'hui du département de Seine-et-Marne, et qui, en 1814, devint le théâtre d'une des plus belles victoires remportées par Napoléon dans son admirable campagne de Champagne.
Dans la maison du duc, beaucoup de ses serviteurs les plus dévoués étaient opposés à cette entrevue, mais le duc passa outre. Il partit de Bray le 10 septembre 1419 et arriva à Montereau vers deux heures. Tanneguy-Duchâtel, favori du dauphin, vint l'y trouver. "Eh bien ! lui dit le duc, sur votre assurance, nous venons voir monseigneur le dauphin. - Mon très redouté seigneur, lui répondit Tanneguy, n'ayez nulle crainte ; mon seigneur est bien content de vous et veut désormais se gouverner d'après vos conseils."
Il fut convenu que le dauphin et le duc entreraient chacun de son côté sur le pont de Montereau. Alors un valet de chambre accourut tout effaré en criant : "Monseigneur, n'y allez pas ; vous serez trahi !" Le duc se retourna vers Tanneguy : "Nous nous fions à votre parole ; par le saint nom de Dieu, êtes-vous bien sûr de ce que vous nous avez dit ? car vous feriez mal de nous trahir. - Mon très redouté seigneur, répondit Tanneguy, j'aimerais mieux être mort que de faire trahison à vous et à nul autre ; je vous certifie que Monseigneur ne vous veut aucun mal."
Oh ! comme c'est mal de faire de semblables mensonges, et qu'ils sont coupables les hommes qui font ainsi de faux serments !
- Eh bien ! nous irons donc, nous fiant à Dieu et à vous, reprit le duc rassuré.
Et il se mit en marche.
Arrivé devant le prince, le duc Jean ôta son bonnet de velours et mit un genou à terre : "Monseigneur, lui dit-il, après Dieu, mon devoir est de vous obéir et servir ; j'offre d'y mettre et employer mon corps, mes amis, alliés et bienveillants. Dis-je bien ? ajouta-t-il en regardant le dauphin. - Beau cousin, lui répondit le prince,, vous dites si bien qu'on ne pourrait mieux ; levez-vous et vous couvrez."
Alors la discussion s'engagea : le dauphin se plaignit au duc de ses retards à venir le trouver, il reprocha au du son inertie contre les Anglais et ses alliances avec les fauteurs de la guerre civile. L'entretien devint bientôt aigre et blessant et le duc se montra inquiet et surpris. "Monseigneur, répliqua le duc, je n'ai fait que ce que je devais faire. - Si, vous avez manqué, dit Charles. - Non, répliqua le duc.Num_riser0031
A ces mots, les assistants s'irritent, Tanneguy-Duchâtel dit au duc que le jour était venu d'expier le meurtre du duc d'Orléans qu'aucun d'eux n'avait oublié, et il leva sa hache d'armes sur le duc, et ces cris retentirent : "Alarme ! tue ! tue !" Tanneguy avait frappé et abattu le duc ; plusieurs autres le percèrent de leur épée. Il expira. Le Dauphin, épouvanté, s'était éloigné de la scène et était rentré en ville.
Les partisans du dauphin voulurent jeter le corps du duc Jean dans la rivière après l'avoir dépouillé. Le curé de Montereau s'y opposa et le fit porter dans un moulin, près du pont. Il fut mis en la bière, des pauvres, vêtu seulement de son pourpoint et de ses chausses, et on l'enterra ensuite dans l'église de Notre-Dame de Montereau sans linceul et sans poêle sur sa fosse.
Quelle que soit leur position, les méchants, en mourant, n'emportent avec eux aucun regret ; on ne pleure que les gens bons et vertueux.
Par ce meurtre, accompli au mépris de la foi jurée, le duc d'Orléans était vengé ; mais les Bourguignons se jetèrent dans les bras des Anglais, et Philippe, fils de Jean sans Peur, signa le honteux traité de Troyes qui donna à Henri V, roi d'Angleterre, le titre d'héritier présomptif de la couronne de France.

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