La loi salique

On entend généralement par loi salique, les dispositions d'après lesquelles on a pu exclure les femmes du trône de France. En réalité, la loi salique est le code de la tribu des Francs Saliens, dont on exhuma un article, en l'interprétant pour les besoins de la cause, bien plus tard, lorsqu'il s'agit d'assurer la succession du roi Louis X.
Ce code à demi barbare, quoiqu'il eût été rédigé en latin sur la rive gauche du Rhin, est antérieur au baptême de Clovis, chef des Francs. Il  nous est néanmoins parvenu précédé d'une profession de foi religieuse, ajouté après coup et qui commence par ces mots : "Vive le Christ qui aime les Francs ! Qu'il garde leur royaume et remplisse leur chef de la lumière de sa grâce !"
Mais le reste du code n'a rien d'évangélique. Comme toutes les autres lois d'origine germanique, il constitue surtout une énumération de peines, dont quelques unes sont particulièrement féroces. Par contre, il fixe une sorte de tarif, appelé wergeld, pour racheter les blessures faites à un tiers. L'amende diffère principalement d'ailleurs d'après la condition de l'offensé.
La loi salique disparut progressivement sous l'influence du christianisme et de la survivance des principes du droit romain. Seul, fut exhumé, quelques siècles plus tard et toujours appliqué par la suite, l'article qui décrétait qu'une femme ne pouvait hériter de la terre salique ou allodiale, pour laquelle le Franc devait le service militaire.
Encore ne l'opposa-t-on plus que pour un seul fief, celui du roi, c'est-à-dire la France entière ; car, pour les fiefs qui la composaient, on accepta très vite qu'ils tombassent en quenouille.

Professeur LORENUS