La filleule du Président
Le vendredi 17 janvier 1913, jour où M. Raymond Poincaré fut élu Président de la République Française par le Congrés de Versailles, une épidémie d'un genre nouveau se répandit en France : on l'appela la "Raymondite".
Les officiers de l'état-civil, en effet, constatèrent que les nouveau-nés, dont on venait demander l'inscription sur leurs livres, s'appelaient, pour plus de moitié, Raymond ou Raymonde. Evidemment, un grand nombre de pères de famille jugeaient que ce prénom leur porterait bonheur.
Un industriel suisse, député et homme politique influent de l'autre côté du Jura n'a-t-il pas écrit à Raymond Poincaré pour lui dire que, le 17 janvier, une fille lui était née, qu'elle avait reçu le prénom de Raymonde, et qu'on le priait de lui faire le très grand honneur d'être son parrain. La lettre faisaient valoir que, dans une circonstance analogue, bon nombre de souverain, et en particulier l'Empereur d'Allemangne et le Roi d'Espagne, n'avaient pas cru devoir refuser. Le Président de la République Française se montrerait-il plus intransigeant ?
La lettre était si aimablement tournée que M. Poincaré ne put refuser. Et voilà comment il y a en Suisse une petite filleule du Président de la République, qui devra l'insigne honneur d'avoir eu un tel parrain à la bonne idée qu'elle eut de venir au monde le 17 janvier 1913.