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Histoire et Esotérisme
15 avril 2011

Le jugement de Ravaillac

Ravaillac, après son arrestation et sa mise au cachot en l'Hôtel de Retz, ne témoigna aucun regret. Il était très calme, ironique même, répondant sans trouble au président Jeannin, à MM. de Loménie et de Bullion venus pour l'interroger. La justice voulait savoir qui avait armé le bras et quels étaient les noms des complices. Ravaillac, ayant agi seul, ne put que dire la vérité, mais cette vérité ne satisfaisait personne. On le menaça, on l'adjura, on le pria, au nom de Dieu, de la loi, de sa mère. Il connut des dizaines d'interrogatoires, officiels ou non ; des juges, des conseillers, des présidents, des archevêques, des moines, des docteurs en Sorbonne, se relayèrent. M. de Bellingreville mit chacun des pouces du meurtrier dans une carabine, après avoir au préalable enlevé les silex et serra les écrous. Que pouvait avouer le misérable ? Malgré la douleur il nia toute complicité ainsi que tout ordre venu de quiconque autre que Dieu.
La Grand'Chambre rédigea le 27 mai, le jugement suivant :num_risation_avril_001
"Vu le procès criminel fait par les présidents et conseillers à ce commis à l'encontre de François Ravaillac, praticien de la ville d'Angoulême, a déclaré et déclare ledit Ravaillac, dûment atteint et convaincu du crime de lèse-majesté divine et humaine au premier chef, pour le très méchant, très abominable et très detestable parricide commis en la personne de feu Roy Henri IVe, de très bonne et très louable mémoire. Pour réparation duquel l'a condamné et condamne faire amende honorable devant la principale porte de l'Eglise de Paris, où il sera mené et conduit dans un tombereau ; là, nu, en chemise, tenant une torche ardente du poids de deux livres, dire et déclarer que malheureusement et proditoirement il a commis le dit très méchant, très abominable et très détestable parricide, et tué ledit seigneur Roy, de deux coups de couteau dans le corps, dont se repend, demande pardon à Dieu, au Roy et à Justice ; de là conduit à la place de Grève, et sur un échafaud qui y sera dressé, tenaillé aux mamelles, aux bras, cuisses et gras des jambes, sa main dextre y tenant le couteau duquel a commis ledit parricide, ars et brûlé à feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante ; de la poix résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble. Ce fait, son corps tiré et démembré à quatre chevaux, ses membres et corps consommés au feu, réduits en cendres, jetés au vent. A déclaré et déclare tous et chacuns ses biens acquis et confisqués au Roy. Ordonné que la maison où il a été nay sera démolie, celui à qui elle appartient préalablement indemnisé, sans que sur le fond puisse à l'avenir être fait autre bâtiment. Et que dans quinzaine après publication du présent arrêt à son de trompe et cri public en la ville d'Angoulême, son père et mère videront le royaume avec défense d'y revenir jamais, à peine d'être pendus et étranglés sans autre forme ni figure de procès. A fait et fait défenses à ses frères, soeurs, oncles et autres de porter ci-après le nom de Ravaillac, ordonne qu'il sera appliqué à la question pour la révélation de ses complices."
Le régicide fut donc soumis à la question. Ses jambes furent emprisonnées et fortement serrées ; entre les chevilles et les genoux, on enfonça avec un gros maillet, d'abord un premier coin. "Je suis un pêcheur et ne sais autre chose" gémit-il, au second. En implorant Dieu, Ravaillac s'évanouit au troisième. Ayant repris ses sens, on le questionna de nouveau, sans résultat.
On le conduisit alors à la Sainte-Chapelle, on le lia à un pilier et MM. Gamache et de Filsac, docteurs en Sorbonne, lui demandèrent, pour son salut éternel, de dire enfin la vérité !
Il fut emmené ensuite au supplice, dans un tombereau et les archers eurent bien du mal à empêcher la foule hurlante de l'étriper. La charrette s'arrêta devant Notre-Dame et sur le porche, torche en main, Ravaillac fit amende honorable alors qu'on lui rappelait le supplice qui lui était réservé.
La place de l'Hôtel de Ville s'appela, jusqu'en 1830, place de Grève. On y pendait les condamnés à mort, num_risation_avril_002bourgeois et gens du peuple. Les gentilshommes étaient décapités. Qui était accusé de sorcellerie était brûlé vif, l'assassin était roué et, pour le crime de lèse-majesté, la peine était l'écartelement.
Tout Paris était là. Alors qu'on lui enlevait la chemis, Ravaillac demanda qu'on priât Dieu pour lui. Des injures lui répondirent, crachées par les bouches haineuses des milliers de spectateurs.
Serrant l'arme du crime, sa main droite fut brûlée vive. Le bourreau, avec des tenailles rougies, déchira les chairs du supplicié sur lesquelles les aides firent couler le plomb fondu, l'huile bouillante et la poix brûlante.
- Jésus, Maria, soupira le malheureux aux question qui lui étaient encore posées.
Le corps solidement fixé, on accrocha quatre chevaux à ses membres. Pendant une demi-heure les bêtes tirèrent, faisant rompre les côtes l'une après l'autre, sans parvenir cependant à enlever la vie à cet être exceptionnellement résistant. On dut remplacer un cheval harassé par cet effot prolongé. Alors une cuisse se détacha du tronc, et Ravaillac mourut enfin.
On finit de le démembrer à la hache et les quartiers furent jetés au feu devant une foule délirante, excitée jusqu'au sadisme, qui s'acharna sur les restes.
Justice était faite !

A. MILLETRE

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