Quelques anecdotes publiées en 1890
La discrétion
Henri IV faisait des préparatifs pour une expédition importante. Personne ne connaissait le secret du prince, et chacun faisait une foule de suppositions. Un courtisan plus hardi que les autres se hasarda à interroger le roi :
"Etes-vous capable de garder un secret ? lui demanda le prince.
- Comment ! répondit le courtisan, je me ferais plutôt hacher que d'en dire une parole.
- Eh bien ! répondit Henri, je suis de même : c'est pourquoi je ne vous dirai rien."
Le roi et le paysan
Ce même Henri IV étant à la chasse et s'étant écarté de sa suite, rencontra un paysan assis au pied d'un arbre sur le bord de la route :
"Que fais-tu là ? lui dit le prince.
- J'attends de voir passer le roi.
- Si tu veux monter derrière moi, ajouta Henri, je te conduirai dans un endroit où tu pourras le voir tout à ton aise.
Le paysan monte, et chemin faisant demande comment il pourra reconnaître le roi.
"Tu n'auras qu'à regarder celui qui gardera son chapeau pendant que les autres auront tête nue."
Henri rejoint la chasse et tous les seigneurs viennent le saluer.
"Eh bien, dit-il au paysan, où est le roi ?
- Ma foi, monsieur, il faut que ce soit vous ou moi, car il n'y a que nous deux qui ayons le chapeau sur la tête."
Gaieté française
Dans la campagne de 1812, un officier général français reçut au genou une blessure dangereuse. Les chirurgiens déclarèrent qu'on serait forcé de procéder à l'amputation. Le général montra beaucoup de calme en apprenant cette décision.
Parmi les personnes qui l'entouraient, il remarqua son valet de chambre qui paraissait éprouver le chagrin le plus profond :
"Pourquoi pleures-tu, Germain ? lui dit-il en riant ; c'est très heureux pour toi, tu n'auras plus qu'une botte à cirer.