Mariages diplomatiques

Le choix d'une femme est particulièrement difficile aux rois. Ils se marient par la voie diplomatique, et l'arrivée de leur fiancée leur cause parfois une fâcheuse surprise.
Un monarque scrupuleux et qui souhaite le bonheur domestique devra exiger de ses ambassadeurs, pour guider sa décision, une description exacte et minutieuse. Ainsi fit Henri VII d'Angleterre, quand il voulut épouser la princesse de Naples. Le docteur Cabanès, dans un récent volume, qui est le quatrième du Cabinet secret de l'histoire, rapporte les instructions que reçurent les trois envoyés du roi. Ils devaient étudier le train de maison et le caractère de la princesse, vérifier son haleine, examiner la couleur de ses cheveux et la forme de son nez, et., etc. Ces bons serviteurs s'acquittèrent de leur mission avec une méthode et un zèle irréprochables.
Qu'on juge plutôt :
"Le nez de la princesse, écrivirent-ils, porte une petite émince sur le milieu ; de là il descend vers la lèvre comme pour la baiser." Admis au baise-mains, ils ne manquèrent pas d'y prendre des renseignements directs, ils rapportèrent au roi que la peau était extrêmement satinée, et la main de la rondeur la plus engageante. Ils avaient moins de détails sur leClève pied, que la modestie de la princesse dérobait à leurs études.
Cependant, il leur parut joli. Ils remarquèrent que les yeux étaient bruns et les poils des sourcils noirs ou du moins noirâtres. Pour l'haleine, ils y goûtèrent autant que la bienséance le leur permit. Et dans la conversation, attentifs et rusés, ils la vérifièrent sans paraître y prendre garde. Le roi souhaitait qu'elle ne fût parfumée d'aucune épice ; ils purent lui écrire qu'elle n'avait d'autre parfum que sa fraîcheur naturelle. Le caractère enfin, leur parut un mélange de vivacité et de réserve. L'appétit était excellent. Malgré tant de motifs de fixer son choix, Henri VII ne se décida pas à épouser la princesse de Naples.
Beaucoup moins sage fut son fils qui, au lieu de faire expertiser sa future femme par des prud'hommes, l'épousa sur la foi d'un portrait trop flatté ; il prit en aversion la pauvre femme et, comme il avait l'esprit éminemment décisif, il ne trouva pas d'autres expédient que de lui faire trancher la tête.

Comments

[sophie8]

Anne de Clèves ne fut pas exécutée mais répudiée, d'ailleurs, le roi lui laissa un chateau et elle lui survécut.