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Histoire et Esotérisme
21 janvier 2008

Histoire touchante de la reine Galswinthe

Autrefois on répétait assez souvent ce dicton : Heureuse comme une reine ! On voulait ainsi laisser croire que les épouses des rois devaient avoir le bonheur en partage ; on se trompait étrangement. Le bonheur, sur la terre, ne dépend jamais d'une position spéciale, il  n'est pas attaché à une dignité quelconque, aux honneurs, à la richesse, même à la gloire ; nous pouvons le trouver dans les plus humbles positions, car il réside surtout dans la paix de la conscience, la pratique de la vertu et la satisfaction que donne l'accomplissement du devoir.

A la mort de Clotaire, ses quatre fils se partagèrent ses Etats, suivant la coutume des Francs. Au bout de six ans, il ne resta plus qu'un roi de Neustrie appelé Chilpéric et un roi d'Autrasie nommé Sigebert. L'Austrasie était la France orientale et la Neustrie la France Occidentale.
Chilpéric voulant faire un brillant mariage, comme son frère Sigebert, répudia sa femme Audovère. Il envoya des ambassadeurs demander la main de Galswinthe, fille du roi des Wisigoths d'Espagne, et soeur de Brunehaut.
La demande de Chilpéric, dont le caractère était connu, ne fut pas accueillie sans difficulté. Galswinthe, douce et timide, avait, ainsi que sa mère, de grandes inquiétudes pour l'avenir, et les belles promesses faites par les ambassadeurs ne parvenaient pas à la rassurer et à lui donner de la confiance.
Mais la raison d'Etat dans les unions princières l'emporte sur toute autre considération et la pauvre Galswinthe fut sacrifiée.
Dès qu'elle apprit que son sort venait d'être fixé d'une manière irrévocable, saisie d'un mouvement de terreur, elle courut vers sa mère, et jetant ses bras autour d'elle, comme un enfant qui cherche du secours, elle la tint embrassée longtemps en pleurant, et sans dire un mot.
Cependant, les ambassadeurs francs se présentèrent pour saluer la fiancée de leur roi et prendre ses ordres pour le départ ; mais à la vue de ces deux femmes sanglotant et se tenant enlacées, ces hommes, tout rudes qu'ils étaient, furent émus et n'osèrent parler de voyage.
Ils laissèrent passer deux jours, et le troisième, ils vinrent de nouveau se présenter devant la reine, en lui annonçant cette fois qu'ils avaient hâte de partir, lui parlant de l'impatience de leur roi et de la longueur du chemin.
La reine pleura et demanda pour sa fille encore un jour de délai. Mais le lendemain, quand on vint lui dire que tout était prêt pour le départ : "Un seul jour encore, répondit-elle, et je ne demanderai plus rien ; savez-vous que là où vous emmenez ma fille, il n'y a plus de mère pour elle ?"
Mais tous les retards possibles étaient épuisés, le roi interposa son autorité et, malgré les larmes de la reine, Galswinthe fut remise entre les mains de ceux qui avaient mission de la conduire auprès de son futur époux.
Une longue file de cavaliers, de voitures et de chariots de bagage traversa les rues de Tolède. Le roi suivit à cheval le cortège de sa fille jusqu'à un pont jeté sur le Tage ; mais la reine ne put se résoudre à retourner si vite et voulut aller au delà. Quittant son propre char, elle s'assit auprès de Galswinthe, et, d'étape en étape, de journée en journée, elle se laissa entraîner à plus de cent lilles de distance.
Chaque jour elle disait : C'est jusque-là que je veux aller, et, parvenue à ce terme, elle passait outre. Ne reconnaissez-vous pas là la tendresse de vos mères ? Que de larmes elles versent lorsqu'elles sont obligées de se séparer de vous et commme vous seriez coupables si vous méconnaissiez leur amour et leur causiez du chagrin !
A l'approche des montagnes, les chemins devinrent difficiles, la reine ne s'en aperçut pas, et voulut encore aller plus loin. Et comme les gens qui la suivaient augmentaient les embarras et les dangers du voyage, les seigneurs goths résolurent de ne pas permettre que leur reine fit un mille de plus.
Il fallut se résigner à une séparation inévitable, et de nouvelles scènes de tendresse, mais plus calmes, eurent lieu entre la mère et la fille. La reine exprima, en paroles douces, sa tristesse et ses craintes maternelles : "Sois heureuse, dit-elle ; mais j'ai peur pour toi ; prends garde, ma fille, prends bien garde..." A ces mots, qui s'accordaient trop bien avec ses propres pressentiments, Galswinthe pleura et répondit : "Dieu le veut, il faut que je me soumette" ; et la triste séparation s'accomplit.
Les noces furent célébrées avec une grande magnificence et les premiers mois du mariage furent paisibles sinon heureux ; mais la nouvelle reine eut à souffrir cruellement du caractère bientôt brutal de Chilpéric. Il affectait envers elle des airs hautains et méprisants. La pauvre Galswinthe pleura d'abord en silence ; puis elle osa se plaindre. Elle dit au roi qu'il n'y avait plus dans sa maison aucun honneur pour elle, mais des injures et des affronts qu'elle ne pouvait supporter. Elle demanda comme grâce d'être répudiée, et offrit d'abandonner tout ce qu'elle avait apporté avec elle, pourvu seulement qu'il lui fût permis de retourner dans son pays.
Chilpéric, dans la crainte de perdre, par une rupture ouverte, les richesses appartenant à la rein et qu'il s'estimait heureux d'avoir en sa possession, dissimula ses sentiments et changea tout à coup de manières. Il prit une voix douce et caressante et fit des protestations de repentir et d'attachement. La reine se laissa prendre à ces démonstrations hypocrites et ne parla plus de séparation. Mais une nuit, par l'ordre du roi, un serviteur s'introduisit dans sa chambre et l'étrangla pendant qu'elle dormait.
Chilpéric joua la surprise et l'affliction ; il fit même semblant de verser des larmes, et, quelques jours plus tard, il prenait Frédégonde pour épouse et pour reine.
Ainsi périt cette jeune femme qu'une sorte de révélation intérieure semblait avertir d'avance du sort qui lui était réservé ; figure mélancolique et douce qui traversa la barbarie mérovingiennne, comme une apparition d'un autre siècle.

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