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Histoire et Esotérisme
25 novembre 2008

Sans coup férir

MontpensierPendant la Fronde, la ville d'Orléans était divisée en deux factions. Le conseil communal, la bourgeoisie, la garnison tenaient pour le ministre Mazarin. Le menu peuple avait des sentiments tout opposés, et faisait cause commune avec les Frondeurs.
Au mois de mars 1652, un corps de troupes composé des ennemis de Mazarin marcha sur Orléans pour l'occuper. La municipalité s'empressa de faire barricader les portes, et de garnir les murailles de défenseurs. Ces précautions gênèrent grandement ceux qui auraient voulu s'emparer de cette cité, car elle était trop bien fortifiée, et ils n'avaient pas assez de soldats pour l'emporter de vive force. C'est alors que Melle de Montpensier, princesse de sang royal, mais qui avait cependant embrassé le parti des Frondeurs, résolut de conquérir Orléans toute seule, d'y pénétrer sans l'aide de personne, et d'y établir l'autorité de ses amis.
Elle arriva, un matin, au pied des remparts, se dirigea vers l'une des entrées de la place, et somme un capitaine qui se trouvait là, de lui ouvrir. Cet ordre mit le pauvre homme dans un mortel embarras. Il n'osait enfreindre la consigne, et, d'autre part, il frémissait à la pensée de désobéir à une proche parente du roi. Hésitant et perplexe, il ne répondait pas un seul mot aux injonctions qu'il recevait, et se contentait à chaque  nouveau commandement, de faire des révérences très profondes.
Ce manège dura si longtemps que la population en fut instruite. Les ouvriers, les petits marchands se répandirent sur le mur d'enceinte, s'assirent sur les créneaux, et, tout en contemplant ce spectacle étrange, ils criaient à pleine voix : "Point de Mazarin !" Le conseil de ville s'était réuni, et il délibérait pour savoir s'il était à-propos de se refuser à accueillir une femme née près du trône.
La patience n'était pas la principale vertu de Melle de Montpensier. Elle avisa des bateliers de la Loire, gens robustes, courageux, prêts à tout, et leur enjoignit de démolir la porte. Ils n'hésitèrent qu'un instant, et se mirent à la besogne. L'officier supplia, en recommençant ses révérences, que l'on suspendît cette oeuvre de destruction, mais il n'eut pas la hardiesse de résister par les armes.
La porte que garnissaient d'énormes plaques de fer ne cédait pas aisément. A la fin, pourtant, on arracha deux planches, et l'on pratiqua un trou juste assez large pour qu'une personne pût s'y glisser. Avec l'aide des bateliers, Melle de Montpensier se hissa jusqu'à cette brèche, se faufila comme elle put, non sans déchirer ses vêtements, et entra dans Orléans.
Alors la foule courut vers elle en poussant des acclamations de joie. On l'assit de force sur une haute chaise, on la porta triomphalement jusqu'à l'Hôtel de Ville où les membres du conseil discutaient toujours s'ils devaient ou non la laisser hors du rempart. Son arrivée les plongea dans une stupeur inexprimable.
"Messieurs, dit-elle en souriant, votre délibération s'éternisait, et moi, je n'aime point attendre. Songez que vous avez devant les yeux la petite-fille de Henri IV, et qu'il faut m'obéir."
Personne n'eut l'audace de répondre, et, dès cette heure, cette femme énergique prit le gouvernement de la cité.

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